La galanterie, c'est pas mon truc. [PV JYNN]

La course avait été bonne, aujourd'hui. Elle débutait, ce n'était que la première partie, celle se déroulant à Kodiak, et déjà l'attelage avait atteint la quatrième position. Satisfait, le maître avait décidé de laisser un moment de répit à ses pauvre toutous, sans laisse bien sur, puisqu'ils avaient étés attachés toute la journée. Kantor avait eu droit à bien des félicitations des autre musher ainsi qu'à des caresses sur le crâne, mais ça ne le rendait pas satisfait. Il était fatigué, et ces temps-ci, à cause de la course, son maître n'en avait que pour son entraînement. Il allait être K.O avant la deuxième partie de la course, et ça l'angoissait. C'était ça, les problèmes de chien de tête. Il aurait tellement aimé être une caniche pendant une journée, à se prélasser devant le feu de la cheminé... Ça serait parfait.
Il s'éloigna du traîneau en traînant des pattes, laissant des traces dans la terre glacée. Son regard vairon se posa partout. Il cherchait quelqu'un, en fait. Il n'avait pas eu de nouvelles de son amie depuis longtemps, à cause des courses et de son absence forcée dans le nord du Canada pour la grande trail run et les préparations à cette dernière. Il posa la truffe à terre, puis il sentit une essence d'odeur appartenant à une personne qu'il connaissait bien. Il releva la tête rapidement et détala comme il aimait le faire en direction du cabanon des humains. Il couina devant la porte, et voyant que personne n'allait lui répondre, il fit le tour rapidement. Il posa la patte sur une des plaques de glace par terre et en tournant le coin, s'étala de son long par terre. « Aie, putain de merde... » Il releva la tête en marmonnant quelques jurons... et la vit.

Temps de course. Je n'aimais pas vraiment ces périodes. Elles faisaient partie de tout ce qui pouvait me rappeler Kantor, et je ne sais pas si ça me rendait triste ou si ça m'énervait d'y repenser, mais en tout cas ça me perturbait. Et je n'aimais pas ça. Enfin. Joe m'avait laissé sortir, et c'est sans vraiment réfléchir que je me baladais dans le village sans trop faire attention à l'effervescence causée par la course qui régnait en maîtresse sur Kodiak. J'avais du mal à saisir pourquoi tant d'engouement pour une chose aussi futile. C'est vrai, ce n'était jamais que des chiens qui courraient dans de la neige. C'était même pas agréable pour nous, et je suis certaine que ça ne l'était pas non plus pour les hommes. Si on y réfléchit, à part quelques petites sensations - et encore, j'en suis pas vraiment sûre - qu'est-ce qu'ils pouvaient bien ressentir quand ils concouraient? La neige leur brûler le visage, le froid leur ronger la peau? Non, sérieusement, je ne saisissais pas. Et au final, c'était peut-être pas plus mal comme ça. De toute façon, je n'étais pas concernée par tout ça, Joe ne m'y avait jamais forcé. Et je ne m'en plaignais pas.
Sans m'en rendre compte, tant j'étais plongée dans mes pensées, je me dirigeais vers le camp des chiens. Je n'avais pas réellement pensé que Kantor serait rentré. Pourtant, il était chien de tête, il semblait évident qu'il serait là. Mais je n'y avais même pas réfléchi. Ca m'aurait peut-être évité de vivre certaines choses, ce jour-là. Car alors que j'essayais de comprendre pourquoi mon instinct m'avait poussé à venir jusqu'ici, un bruit sourd attira mon attention. Je détournai le regard légèrement sur le côté, et.. Kantor. Étalé au sol, marmonnant quelques mots que je ne peux vous répéter. J'eus le souffle coupé, et je sentis mon cœur s'affoler. Non. Je ne voulais pas le voir. Je ne POUVAIS pas le voir. Et pourtant, je n'arrivais plus à décrocher mon regard du sien. Ses magnifiques yeux vairons m'avaient manqués.. Il m'avait manqué. Malgré toute la rancœur que je pouvais avoir contre lui, il m'avait terriblement manqué. Sans un mot, je restai immobile face à lui. Je ne savais pas comment l'aborder, quoi lui dire. Je n'osais pas l'engueuler, ni lui sauter dessus et le recouvrir d'amour. J'étais tétanisée.

Elle ne bougeait pas. Lui non plus, en tout cas, il en avait l'impression. En réalité, il avait juste l'impression que tout était au ralenti. Il tenta de se relever, mais la plaque de glace fut plus forte que lui et l'empêcha de se tenir debout. Il se retrouva sur le dos, se tortillant comme un ver. « C'est une foutue blaaaaaague ! » Qu'il couina en se retournant sur le flanc et rampant loin de cette plaque de glace maudite. Il posa a nouveau son regard sur la rousse, toujours figée sur place. En s'ébrouant, il s'approcha de cette dernière, un petit sourire malaisé sur les babines. Étrangement, il était gêné. La gêne, ce n'était pas une habitude, chez lui. Il avait même tendance à ouvrir sa gueule tout le temps, même lors de moments mal choisis. Il la salua d'une révérence, qu'il avait pratiqué longtemps dans ses débuts dans l'obéissance, avant qu'il devienne chien de tête. « Salut Jynn. Ça fait longtemps, hein? » Il sourit comme un gamin, tout fier, tout fringant, sans remarquer la tête d'enterrement de son amie rousse. Il leva la patte et poussa un peu Jynn comme ils le faisaient quand ils étaient plus jeune, pour se taquiner. Il savait que ça allait la faire marrer, elle se marrait tout le temps, quand il était là. En tout cas, dans ses souvenirs.

J'étais hors du temps. J'avais l'impression que la terre s'était littéralement arrêtée de tourner et que nous étions seuls au monde. Ça faisait des années entières que je n'avais pas croisé son regard et pourtant j'avais encore ce sentiment là de le connaître par cœur. J'avais envie de le retrouver, de me blottir contre lui, qu'il me fasse rire, qu'il me fasse rêver. Qu'on redevienne des enfants. Mais il m'avait abandonné, non? Et je ne pouvais pas laisser passer ça comme ça. Sinon il aurait aucun scrupule à recommencer. Surtout qu'il m'avait lâché pour aller copuler avec une.. garce de chiennasse. Non. Je ne pouvais pas. Alors quand il se rétama une deuxième fois au sol, je me retins tant bien que mal d'esquisser le moindre sourire, de laisser transparaître la moindre émotion. Et, bien que je pensais qu'il comprendrait le message de cette façon, c'est tout naturellement qu'il se rapprocha de moi et m'aborda. Stupéfaite, je ne répondis rien dans un premier temps, me contentant de le fixer droit dans les yeux. Geez, gros con que tu es! OUVRE LES YEUX BORDEL, J'SUIS EN COLÈRE! RÉCONFORTE MOI! Je ne pouvais pas lui crier ça. Alors oui, je restai silencieuse. Puis, il entreprit de me pousser du bout de la patte. Peut-être avait-il espoir de renouer le lien qu'on avait autrefois? Peut-être essayait-il de capter mon attention? Peut-être.. Peut-être que je ne comprenais tout simplement pas - ou plus - ce geste. Après avoir lâché un long soupir assez explicite, je fis deux pas en arrière et m'assis le dos droit. Je voulais paraître forte, fière, intouchable. Mais j'avais sans doutes l'air plus ridicule qu'autre chose.

« Tu pensais peut-être que j'allais t'accueillir à bras ouverts Kantor? »

J'essayais d'être la plus froide et la plus distante possible, mais ma voix tremblante et mes yeux brillants devaient sans doutes me faire perdre en crédibilité.

Elle ne semblait pas comprendre. Pour le coup, lui aussi ne comprenait plus ce qui se passait. Il parlait à un mur de brique, visiblement. Pourquoi? Elle était si chaleureuse et souriante, d'habitude. Il ouvrit la gueule quelques secondes, dans l'espoir de dire quelque chose de sensé, mais il préféra se taire, son regard croisant celui de son amie rousse. Il y avait quelque chose dans son regard foncé, une lueur de quelque chose que le mâle ne pouvait pas cerner, quelque chose qui allait probablement le rendre dingue. Ne sachant que dire, ni que faire, restant surpris face aux paroles de la femelle, il déposa son derrière sur le sol aussi, la tête un peu penchée sur le côté, lui donnant un air débile. Il ne put s'empêcher de... rigoler. Oui, rigoler. D'une façon un peu pataude, un rire un peu niais, qui prouverait un peu à la femelle que malgré son ton dur... elle ne pouvait tout simplement pas avoir l'air fâchée, surtout pas avec lui. « C'est une blague ? Ça fait plus d'une année qu'on s'est pas parlés et c'est comme ça que tu me dis bonjour ? Qu'est-ce qui se passe ? » Il eu à peine le temps de finir sa phrase qu'une main inconnue vint se poser sur son crâne rapidement, ébouriffant son poil roux. Un petit félicitation mon grand perça la pesanteur de l'air qui les entoura tous les deux, puis l'humain s'éloigna. Tout ceci fit sourire Kantor faiblement. « On est arrivés quatrième au premier classement. Génial, hein ? » Il adorait la course, et il avait toujours pris comme acquis que sa meilleure amie aussi, il ne pouvait donc pas s'empêcher d'en parler tout le temps.

Finalement, mes quelques paroles avaient l'air d'avoir eu un impact significatif sur le beau mâle. Mais il n'était pas question pour lui ni de se rendre compte de ses erreurs, ni de se remettre en question. Simplement d'être secoué par ma réaction. Et puis après de longues minutes de silence, Kantor se mit à rire et finit par me demander ce qu'il se passait. J'avais l'impression à ce moment là d'être juste.. un acquis pour lui. Comme s'il était légitime de s'éclipser de la manière dont il l'a fait pour revenir la bouche en coeur.

« Et tu oses me demander ce qu'il y a? AH. C'est la meilleure. »

Mais alors que je m'apprêtai à tout lui lâcher dans la gueule, quelqu'un fit irruption pour flatter le beau roux et lui lancer des fleurs. Je soupirai, et quand il m'évoqua sa place à la course je ne pus retenir un léger grognement d'agacement. Après toutes ces années, qu'on avait passées ensemble à rire et à aimer la vie, il ne s'était toujours pas rendu compte à quelle point la course m'ennuyait. Peut-être que je ne lui ai jamais assez bien fait comprendre, c'est vrai qu'à l'époque je faisais la polie et acquiesçais à tout ce qu'il pouvait me raconter - bien que j'y comprenais pas grand chose. Mais aujourd'hui, il était temps que je lui dise. Que je lui dise tout ce que j'avais à lui dire. Je pris donc ma respiration et plongeai mon regard dans le sien.

« Kantor.. J'ai jamais aimé la course. C'est génial pour toi si ça signifie quelque chose, moi ça m'ennuie plus qu'autre chose. J'pensais que tu m'accordais assez d'importance pour t'en rendre compte tout seul. Et puis arrête avec ton attitude outrée et décontenancée, fait pas le type genre "Mais pourquoi t'es pas gentille avec moi, pourquoi tu me sautes pas au cou, bler bler". Parce que si tu réfléchissais Kantor, tu comprendrais pourquoi j'suis en colère après toi, après que t'ai été copuler avec une chienne bonne qu'à ça, après que tu m'ai abandonné. Ca fait tilt là, ou il faut que je te fasse un dessin? »

Tout était sortit sans que je ne puisse m'arrêter. Et je regrettais déjà. Je me sentais nulle, j'avais le sentiment d'avoir été trop loin dans mes paroles et j'avais peur maintenant. Peur qu'il disparaisse, qu'il ne m'abandonne une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, pour de bon.

Il se bouffa littéralement un roman en pleine gueule. La femelle, au départ agacée, semblait vouloir dévisser la tête du pauvre Kantor et la planter sur un des barreaux de la clôture entourant le camp des chiens. Il ne répondit rien, les yeux gros, surpris et ne fit qu'hocher la tête lentement pour avaler toute l'information. Elle n'aimait pas la course. Déjà ça, c'était un coup dur. Pourquoi avait-il été aussi aveugle? Ah, oui, parce qu'il aimait bien penser à sa tête avant celle des autres, il était comme ça. Deuxièmement, elle lui piquait une crise de jalousie à propos de cette femelle qui à servit à lui donner une descendance, celle qui le remplacerait pour les futures courses, les courses qui n'intéressaient pas Jynn. « Mais... pourquoi tu me parles d'elle comme si c'était qu'une pute? Elle est gentille, tu la connais même pas. Puis d'abord, c'est pas moi qui ai choisi d'avoir ces petits, c'est mon maître, parce que je serai pas chien de tête toute ma vie tu sais, il faut de la relève... mais bon, la course ça te passionne pas, donc je vais m'arrêter là. » Il se racla la gorge. Elle avait touché un point sensible et il ne pouvait s'empêcher d'utiliser le sarcasme pour l'atteindre elle aussi, même si au fond, il ne voulait pas qu'elle soit fâchée contre lui. « Puis je t'ai pas abandonnée, je me suis absenté pour faire ce truc qui me plaît énormément, y'a une petite nuance à faire, je crois. Je t'abandonnerai jamais de toute façon, parce que t'es ma petite Jynn. » Son expression resta tout à fait neutre, son regard dépareillé posé sur la femelle rousse en face de lui. Il secoua la tête légèrement, pour témoigner de sa déception. Que son amie ai pensé un instant qu'il partirait, qu'il la laisserait tomber sans même lui donner une raison ou un signe de vie le faisait un peu chier, mais le rendait surtout triste. Il était bien con, parfois, mais jamais à ce stade, en tout cas, pour l'instant.

[Répondre à un RP à 5h du mat #swag]